Née en 1967, Amélie de Beauffort est artiste, professeure et coordinatrice du Cursus Dessin de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Elle est aussi co-fondatrice et administratrice de la Fédération des Arts Plastiques de Belgique, depuis 2019.

Amélie de Beauffort déploie une méthodologie où le lieu du dessin apparaît comme celui d’un état transitoire. Elle développe une forme d’indexation graphique qui ne représente rien d’autre que le processus qui l’a fait naître. Il s’agit de développer une attitude où expériences, décisions et échappées aléatoires se conjuguent et se contredisent.

Percées et poinçonnages ouvrent un passage entre surface et sous-face, et laissent la voie aux flux. Entre volitions et échappées aléatoires, c’est une histoire qui découle de liquides qui s’écoulent. Le papier en est la matrice qui se laisse altérer. Il s’anime et réagit à ces gestes iconoclastes. La feuille n’est pas seulement le support de l’inscription : ni dedans, ni dehors, elle est aussi une membrane qui s’intercale entre. Recto et verso sont interchangeables, une de ces faces est toujours cachée au regard. Cette dérobade est paradoxalement nécessaire au spectateur comme à l’artiste pour enfin perce-voir l’œuvre. Un lent écoulement de processus en cascade s’imprègnent dessus/dedans ce support matriciel.                                   

Le dessin devient l’outil de sa production, tantôt comme pochoir, poncif ou égouttoir. En retour, les marges du faire sont à leur tour considérées comme des expériences graphiques. 

Les gestes se ramifient. La trace demeure.

Entre la maîtrise de ses actions et l’acceptation de phénomènes aléatoires dans l’élaboration de ses œuvres, Amélie de Beauffort construit son travail de dessins comme est construit le paysage. Si une bonne partie est façonnée par la main de l’homme, il reste sans cesse altéré par les éléments naturels. A force de pratique, elle sait que la matière résiste aux idées, qu’elle se dérobe sans cesse, alors elle compose avec elle. Pour le choix des supports, elle œuvre en alchimiste. Pour les actions du dessin, elle se fait jardinière, composant avec les éléments.