Née en 1994, Élise Brion vit et travaille entre Brest et Aubervilliers. Après cinq années d’études à l’EESAB site de Brest, elle obtient son DNSEP en 2019. Elle y développe une pratique d’atelier, qui l’amènera à affirmer sa position de sculptrice. En 2021, elle expose à la biennale de Mulhouse puis réalise une résidence en milieu scolaire en duo avec l’artiste Reda Boussella à Brest. En 2022, elle participe à l’exposition collective 17 Chambre, une année dans les ateliers du cercle naval, à Brest. Sensible aux pratiques collectives, elle co-fonde en 2019 avec cinq autres artistes l’association Brèche, à Brest. C’est dans ce contexte qu’elle a pu accompagner l’artiste Park Chae Biole en 2023, en résidence au sein de l’atelier Brèche. Différents rythmes sous-tendent sa pratique qui se déploie de manière polyphonique. Le premier est celui d’un dessin précipité, un procédé flash et dense, engageant un travail de la ligne et de la répétition. Chaque geste esquissé, qu’il soit expéditif ou investi dans la lenteur, est envisagé comme un mouvement de plus vers la sculpture : autant d’indices et de signes produisant un déplacement, à l’instar d’une partition. Ce processus qui pourrait s’apparenter à une forme de « satiété sémantique » (perte temporaire du sens premier d’un mot ou d’une expression à force de sa répétition), inscrit le travail dans un champ élargi de la sculpture. La vitesse, l’amplitude, la copie, et des procédés de transpositions, sont les stratégies plastiques qui lui permettent d’éprouver un langage, de sonder un vocabulaire de formes spécifique à chaque nouveau corpus. S’imprégnant du contexte d’atelier, Élise Brion se situe comme réceptrice de ce qui peut y advenir. Sa pratique de l’installation, quant à elle, nécessite un ralentissement : un tempo propice au soin apporté aux objets, à leur préhension et leur écoute. Lors de la mise en espace des pièces s’opère alors une sélection sensible. Que ce soit l’argile, le métal, la cire, elle aborde une posture pragmatique face à la matière pour l’accompagner vers une résolution possible, une autonomie dans l’espace.
Élise Brion rejoue alors un vocabulaire intrinsèque à la sculpture, fait vibrer son histoire et accueille ses multiples résonances, auxquelles s’ajuste une distance par le phrasé d’un texte parlé, d’un poème visuel, ou d’un bruitage. La présence du son qui se réduit parfois à une onomatopée – contraction furtive d’un mot filant à l’allure d’un scat – provoque chez les spectateur.ices.s un décalage, un appel espiègle, un trait d’humour.